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Inflation et coût de la vie: du pareil au même?

Ah! L’inflation. Ce mot fourre-tout qui ressort dans tous les bulletins de nouvelles dernièrement et qui est sur bien des lèvres lorsque vient le temps de communiquer les ajustements salariaux. Alors que le concept même se distingue de celui du coût de la vie, les gens ont tendance à les interchanger et oublient que ces deux indicateurs veulent dire différentes choses. Pour vous aider à mener ces discussions parfois délicates, on décortique deux concepts :

L’inflation

L’inflation est une tendance générale à l’augmentation des prix qui a pour effet de diminuer le pouvoir d’achat.

Au pays, Statistique Canada est la référence en la matière. L’organisme analyse le prix d’un panier de biens et services représentatif des habitudes de dépenses du ménage canadien moyen pour obtenir l’Indice des prix à la consommation (IPC). Il compare ensuite l’IPC d’une période donnée à une autre pour établir le taux d’inflation (ou de déflation).

Un exemple (hyper simplifié) :

  • Le prix d’un chou-fleur est de 5 $ aujourd’hui.
  • Le prix du même chou-fleur était de 3 $ l’année passée.
  • L’inflation (du chou-fleur) est de 66 %.
  • Toutes choses étant égales par ailleurs, avec le même nombre de dollars en main, je peux acheter moins de chou-fleur que l’année passée (le pouvoir d’achat est réduit.)

Le panier qui est analysé peut être ajusté d’une année à l’autre si un nouveau bien de base est identifié. Par exemple, l’arrivée d’Internet dans les maisons a fait en sorte que les ménages canadiens avaient une nouvelle facture « de base » à payer, le panier avait donc été ajusté pour en tenir compte.

L’analyse des différents biens et services du panier est aussi pondérée en fonction de leur proportion relative. Par exemple, les Canadiens dépensent plus pour le loyer que pour du lait. Les variations dans le prix des loyers pèseraient donc plus dans le calcul de l’inflation que celles du prix du lait.

Quand bien même que le prix du lait doublerait en une année, l’inflation du pays ne serait pas autant affectée que si le prix des loyers doublait sur une année. Right ?

La Banque du Canada (BdC) a comme mission de maintenir un niveau d’inflation stable de 2 % (entre 1 % et 3 %) à l’échelle du pays. Dans une stratégie de ralentissement de la consommation et de réduction du niveau d’inflation, la BdC pourrait notamment opter pour une hausse du taux directeur (ce qui a été fait d’ailleurs depuis l’automne 2022).

 Le coût de la vie

Cet indice calcule le montant de fonds nécessaires pour maintenir un niveau de vie confortable dans un endroit et une période donnée. Cet indice peut notamment être utilisé d’un point de vue géographique (le coût de la vie selon des villes) lors de l’établissement des salaires. Lorsqu’on nous mentionne que Toronto « est plus chère » que Montréal, c’est en référence au coût de la vie.

Il prend aussi en compte plusieurs facteurs démographiques comme le lieu de résidence, le style de vie et la composition du ménage.

Le lieu de résidence peut, par exemple, avoir une incidence sur les coûts reliés au mode de transport et sur l’accès alimentaire. D’un côté, une personne habitant un grand centre paiera en moyenne plus par pieds/carré qu’une personne habitant la campagne. De l’autre côté, une personne habitant dans un grand centre a accès au transport en commun et à un aménagement qui permet le déplacement actif alors qu’un.e employé.e qui habite la campagne, doit généralement s’en remettre à la voiture.

Enfin, une personne qui habite seule aura moins de dépenses à assumer qu’une famille avec des enfants au même titre qu’un couple à la retraite dépensera différemment d’un couple dans la trentaine.

Et alors?

Le coût de la vie est influencé par l’inflation, mais l’inflation n’est pas le seul facteur du coût de la vie. De même, les augmentations salariales sont influencées par l’inflation, mais l’inflation n’est pas le seul facteur déterminant le pourcentage d’augmentations salariales octroyé. Lorsque le taux d’inflation global au Québec était sous la barre du 2% (avant 2021), d’après-vous, est-ce que la majorité des organisations a octroyé des augmentations salariales équivalentes à ces taux d’inflation plus bas? … eh bien non!